Vous venez de recevoir les courriels de confirmation KDP et de CreateSpace. Ça y est, votre livre est publié, et disponible sur Amazon. Il s’agit d’un petit roman pour enfants évoquant la tendre relation d’un garçon solitaire avec un suricate. Vous tapez son titre dans la fenêtre de recherche, et il apparaît enfin, tout frais, tout neuf, totalement dépourvu de commentaires, mais il est là. Il faut ensuite quelques jours pour que les versions papier et numérique fusionnent en une seule page produit. Enfin, vous en vendez deux (à la tante qui vous a élevé et à votre meilleur ami) et vos catégories apparaissent (uniquement sur le versant Kindle de votre page produit).

Et là, c’est la déception.

Vous aviez pourtant pris soin de choisir sur KDP deux catégories (en français) correspondant précisément à votre opus : FICTIONS POUR ENFANTS>Animaux>Animaux de compagnie et FICTIONS POUR ENFANTS>Concepts>Sens et sensation. Et vous constatez qu’Amazon l’a plutôt rangé dans Boutique Kindle > Ebooks Kindle > Jeunesse et dans Boutique Kindle > Ebooks Kindle > Littérature. Quant à la version CreateSpace, son classement est encore pire : il ne bénéficie que d’une seule catégorie : Livres > Livres pour enfants > Fiction.

Pensez seulement : votre gentille histoire est en concurrence avec Dostoievski et  Guillaume Musso, ou bien avec la série Harry Potter et La saga de J.R.R. Tolkien. Pour la trouver, il faut aller jusqu’à la cinquante-troisième page en littérature de jeunesse et la mille trois cent soixante-septième en littérature générale. Dans les deux boutiques, votre livre se classe respectivement à la 48 536ème place et à la 892 357ème place. C’en est fini de vos illusions : vous ne quitterez pas votre petit boulot d’agent d’entretien dans un zoo parisien. Le seul avenir que vous envisagez pour votre bébé est un glissement sans fin vers les places les plus lointaines du classement.

Pourquoi vous devriez vous intéresser aux catégories

Votre livre existe, soit. Mais si vous voulez qu’il soit acheté et lu, il ne suffit pas de l’ajouter aux centaines de milliers qui figurent déjà dans le catalogue Amazon (aux millions, si on compte les livres papier) et d’attendre le chaland. Votre responsabilité, en tant qu’éditeur de votre propre livre, est de faciliter au maximum sa découverte par d’éventuels lecteurs.

Dans l’écosystème Amazon, les catégories contribuent considérablement à la réalisation de cet objectif. Mettez-vous à la place du lecteur qui atterrit sur la page d’accueil d’Amazon. À moins de savoir ce qu’il veut (comme votre tante), il parcourra les rayons qui l’intéresse et feuillettera les livres qui le tentent jusqu’à prendre sa décision d’achat. Pour cela, il utilisera l’un des très nombreux moyens mis à sa disposition par la grande librairie en ligne : listes de meilleurs vendeurs, livres situés aux emplacements achetés par les éditeurs sur la page d’accueil, listes inspirées de l’historique de navigation, promotions, listes « Les clients ayant acheté cet article ont également acheté », listes tirées de sa liste d’envies et enfin catégories et sous-catégories, situées à divers emplacements.

À moins d’obtenir d’emblée un franc succès ou de mener une promotion gratuite très réussie (comme Jacques Vandroux), vous avez peu de chance de vous trouver dans la plupart de ces listes – à l’exception de celles qui découlent des catégories. Voilà pourquoi vous devez choisir ces dernières avec un soin tout particulier.

Des catégories pour aider vos lecteurs à vous trouver

Commencez par chercher sur Amazon un livre proche du vôtre, par exemple un de ceux qui vous ont inspirés. Si vous n’en connaissez pas, vous pouvez toujours effectuer une recherche par mots-clés. Parmi les résultats, sélectionnez les livres qui s’adresse au même lectorat et qui obtiennent un bon classement dans leur catégorie. Évitez à la fois les best sellers impossibles à battre et les ouvrages trop confidentiels.

Une fois que vous avez trouvé les grands frères de votre bouquin, notez précisément les catégories dans lesquelles ils se classent. Vous trouverez l’information dans la rubrique « Détails sur le produit ». Notez les catégories numériques (Boutique Kindle>) et les catégories papier (Livres>). Notez également le classement de ce livre pour chacune des catégories.

Catégories : Les détails du Harry Potter 1
Catégories : Les détails de Harry Potter à l’école des sorciers

Si vous avez bien choisi le grand frère, les catégories dans lesquelles il obtient un bon classement seront celles où votre livre devrait se distinguer. Vous pouvez en élire deux pour les livres numériques et deux (sans garantie) pour les livres papier.

Nous verrons plus bas comment inscrire votre titre dans les catégories choisies. Quand vous y serez arrivé, vous aurez la satisfaction de le voir enfin apparaître dans les bons rayons de la librairie, ceux que hantent les lecteurs auxquels vous vous adressez. Ils pourront s’y rendre de deux façons : en explorant directement les catégories en question, par le biais de la colonne de gauche du site Amazon, en suivant la piste des Classements des meilleurs ventes Amazon ou en cliquant  sur un des choix du cadre « Rechercher des articles similaires par rubrique ».

Catégories : listes de navigation
Catégories : listes de navigation
Catégories  :  articles similaires par rubrique
Catégories : articles similaires par rubrique

Des catégories pour choisir votre terrain de jeu

Maintenant que vous savez où trouver les catégories (ou rubriques) et que vous connaissez leur importance, une idée vous vient : puisque la visibilité d’un livre est inversement proportionnelle aux nombres de livres présents dans la catégorie correspondante, pourquoi ne pas propulser votre bouquin dans une catégorie peu abondante, intime en quelque sorte ? Évidemment, il vaut mieux qu’elle ne soit pas trop intime, sans quoi il risque de ne recevoir aucune visite, parce que les lecteurs ne la connaissent pas.

Résumons : la ou les catégories que vous cherchez doivent posséder plusieurs caractéristiques :

– Elles doivent correspondre à votre livre. Vous ne vendrez pas une histoire d’animaux dans un rayon dédié au survivalisme.

– Elles ne doivent pas comporter trop de concurrents.

– Elles doivent recevoir du trafic.

Si les deux premières sont faciles à mettre en pratique, la troisième nécessite quelques explications. Ici, je reconnais une énorme dette envers Nick Stephenson, auteur étasunien, et à son livre Supercharge Your Kindle Sales.

À quoi reconnaît-on une catégorie qui reçoit du trafic ? Essentiellement au classement des livres qui en font partie. Quand vous dénichez une catégorie qui semble convenir, éliminez d’abord les ouvrages dont elle ne constitue que la catégorie secondaire. Ensuite, consultez le Classement des meilleures ventes d’Amazon pour les premiers bouquins du catalogue que vous avez devant vous. Par exemple, dans la catégorie Boutique Kindle > Ebooks Kindle > SF, Fantasy et Terreur > Jeux de rôles, le premier (le 6ème de la catégorie), Ténébreuse Faérie : T2 – L’Appel des Oubliés, se classe numéro 35 010.

Catégories : Jeux de rôles
Catégories : Jeux de rôles

Si vous voulez estimez ce que cela représente en terme de nombre d’exemplaires vendus par jour, vous pouvez consulter Grimpez vers le TOP 100 de Jacques et Jacques-Line Vandroux, ou bien consulter ce billet. Vous y verrez que le numéro 35 010 vend probablement moins d’un exemplaire par semaine ou par mois, puisque le numéro 600 vend un à deux exemplaires par jour ! Vous l’avez compris : la catégorie en question serait plutôt à éviter.

 

De BISAC à Amazon

À présent que vous avez déterminé les catégories idéales, il faut encore les indiquer à Amazon. Quand vous avez créé votre livre sur KDP et sur CreateSpace, vous avez rencontré une liste détaillée de rubriques, en anglais (CreateSpace) ou traduite (KDP). Il s’agit des catégories BISAC (Book Industry Standards and Communications system of classification), issues du travail du  BISG (Book Industry Study Group), dont certains bibliothécaires estiment qu’elles devraient à terme remplacer les classifications Dewey. Certaines de ces rubriques n’ont de sens que dans le monde américain : Amish et Mennonite ou Mashup, par exemple. D’autres semblent manquer aux yeux d’un lecteur français. Mais il y a pire : les catégories BISAC ne constituent pour Amazon qu’une indication, que chaque boutique internationale traduit à sa façon en rubriques commerciales. Comme me l’a communiqué le service d’assistance de KDP,

En effet, les rubriques proposées sur notre site ne sont pas les mêmes sur tous les marchés d’Amazon. Ils dépendent d’un marché à un autre et leur développement ne se fait pas sur base d’une traduction d’une langue à l’autre.

Imaginons par exemple qu’un site Amazon développe ses ventes dans le domaine du parachutisme. Il se pourrait alors que la catégorie Boutique Kindle > Ebooks Kindle > Sports et passions> Parachutisme apparaisse subitement, et que tous les livres numériques inscrits dans la catégorie BISAC correspondante bénéficient soudain d’une nouvelle visibilité.

Votre objectif est donc de trouver l’intitulé BISAC qui orientera votre titre dans les bonnes rubriques commerciale Amazon. Vous découvrirez vite que celles-ci sont très peu nombreuses dans la boutique Kindle. En littérature de jeunesse, par exemple, voici la liste :

Et encore – les ouvrages de la catégorie Jeunesse > Romans (colonne de gauche sur le site) appartiennent en fait à la rubrique Boutique Kindle > Ebooks Kindle > Jeunesse (dans les détails du livre).

Ici, vous n’avez pas le choix : vous y arriverez le plus souvent par tâtonnements. Il vous faudra chaque fois attendre plusieurs jours avant de voir le résultat de vos essais – et donc leur effet sur vos ventes. Soyez assuré que l’effort vaut la peine, et peut même faire la différence entre le succès et l’échec.

Il suffit de demander

Si ces manipulations ne fonctionnent pas, et que votre œuvre stagne désespérément dans des catégories qui ne lui conviennent pas, il reste un dernier recours : un courriel à KDP, CreateSpace ou Amazon. Le service d’assistance de KDP est aimable, efficace, rapide et francophone. Celui de CreateSpace a les mêmes qualités – sauf la francophonie. Celui d’Amazon, en revanche, mettra plus de temps à vous répondre et connaît parfois des ratés. Comme celui évoqué dans ce courriel que j’ai reçu récemment :

Concernant votre demande, nous avons actuellement un problème technique pour modifier les catégories de vos livres.

En attendant la résolution de votre problème, je garde votre dossier et vous enverrai un email lorsque les modifications seront faite.

Même si vous devrez vous armer de patience et de diplomatie, vous arriverez le plus souvent à obtenir de cette façon les modifications que vous souhaitez et que vous n’arrivez pas à introduire vous-même. Étant donné l’enjeu, vous ne regretterez pas la démarche.

 

Note : Si votre expérience contredit les informations contenues dans ce billet, n’hésitez pas à m’envoyer un message, à commenter ou à me contacter via Facebook. Je me ferai une joie de modifier mon billet en incluant vos suggestions.

5 réponses

  1. Bonjour,

    Je suis éditrice d’ebooks érotiques  » biographiques » sur KDP depuis près de deux ans ( une trentaine d’ouvrages ) et je ne suis jamais parvenu à classer manuellement ( rubriques ) mes livres érotiques particuliers ( ce ne sont pas des romans ! ) dans la catégorie que je souhaite. Je vais donc tenter de demander par courrier leur classement souhaité. Merci de l’information !

    Katia

    1. Bonjour,
      Une demande directe permet effectivement de régler ce genre de difficultés, quand les livres n’entrent dans aucune catégorie BISAC, mais correspondent à des catégories commerciales des sites Amazon.

      Heureux de vous avoir été utile !

  2. Bonjour Guy et merci pour cet article qui va en aider plus d’un ! Je suis dans l’écriture d’un roman et j’ai autopublié une nouvelle de Noël. Là j’ai eu aussi des difficultés avec les catégories et je n’ai pas trouvé de rubrique pour ce genre là. Je vais donc suivre tes conseils, merci.

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