Pour tout auteur auto-édité, la relecture et la réécriture du manuscrit font partie des moments les plus importants du processus éditorial. J’ai choisi aujourd’hui de traduire un texte écrit par un agent littéraire américain, qui offre aux auteurs une série de conseils pour améliorer leurs manuscrits. Tous ne sont pas applicables à la langue française, mais j’ai trouvé dans la liste suffisamment de bonnes idées pour avoir envie de traduire ce billet et de l’offrir au public français.

Nephele Tempest est un agent littéraire américain qui dirige la Knight Agency à Los Angeles. Bien que née sur la côte Est, elle apprécie de pouvoir se promener sans manteau en janvier et de ne pas être obligée de délivrer sa voiture de la neige pour aller travailler, mais elle reste une New-Yorkaise de cœur.

Elle utilise son compte Twitter pour parlerde livres et d’édition et son compte Tumblr, pour évoquer les choses brillantes qui la rendent heureuse.

Polissez votre prose : une antisèche de l’auto-relecture

Par Nephele Tempest

Peu importent vos bonnes résolutions pour l’année, ou l’état d’avancement de votre projet d’écriture en cours, le temps viendra où vous devrez effectuer une relecture. Je ne veux pas dire améliorer l’intrigue, accroître la tension dramatique ou renforcer les motivations de votre protagoniste principal. Je parle plutôt du processus éditorial terre à terre consistant à examiner votre travail mot après mot, phrase après phrase, et à réviser la langue que vous avez utilisée. Vos descriptions dansent-elles sur la page ? Des clichés se sont-ils glissés dans le mélange ? Si vous deviez lire votre texte à haute voix devant un public, finiriez-vous à bout de souffle ?

Quand vous révisez l’aspect verbal, vous ne vous contentez pas de chercher les mots manquants ou de vous assurer que la fonction « Rechercher et remplacer » a correctement modifié le nom d’un personnage tout au long de votre manuscrit. Cette révision constitue aussi une occasion de polir votre prose et de déployer votre talent, non seulement de conteur, mais d’artisan des mots. Mais un manuscrit peut atteindre des dimensions importantes, et il est parfois difficile de se rappeler tout ce que vous voulez vérifier tandis que vous progressez de la première à la dernière page.

Voici une antisèche utile, contenant tout que vous pourriez avoir envie de garder à l’esprit lors de la révision :

1. Réduisez le nombre d’adverbes et choisissez des verbes plus forts.

2. Retravaillez les clichés.

3. Éliminez les mots et phrases de remplissage, comme « actuellement », « qui » et « afin de ».

4. Quand vous faites allusion à une personne, utilisez « il/elle est », et non « c’est ».

5. Supprimez les mots et phrases qui se répètent.

6. Divisez les phrases longues et difficiles à lire en plusieurs phrases courtes.

7. Corrigez les doubles négations laissées par inadvertance dans des phrases longues et complexes.

8. N’oubliez pas les traits d’union dans les mots composés.

9. Limitez l’usage de « très » et de « vraiment ».

10. Attention à ne pas abuser de la voix passive ou de formulations passives.

11. Vérifiez les définitions de tous les mots dont vous n’êtes pas totalement sûr.

12. Localisez et éliminez tout mot, action, ou ponctuation dont vous avez personnellement tendance à abuser, comme des personnages qui sourient ou prennent une profonde inspiration, des ellipses au milieu ou à la fin du dialogue, des points d’exclamation, etc.

13. Remplacez les mots généraux, comme « chose » ou « objet », par des termes spécifiques.

14. Écrémez le dialogue de tout bavardage ; limitez les conversations aux éléments essentiels qui font avancer votre histoire.

15. Dans les dialogues, limitez les particularités verbales à un seul personnage ; ne donnez pas de phrase récurrente à plus d’une personne, sauf s’il y a une bonne raison (enfant imitant un parent ou un frère plus âgé, etc.)

Bien sûr, ceci n’est qu’un échantillon des erreurs courantes que vous devriez rechercher à ce stade du processus éditorial. Selon votre style d’écriture et vos habitudes personnelles, vous pouvez allonger (ou peut-être raccourcir) cette liste pour l’adapter à votre propre usage. De même, il s’agit d’aspects usuels qu’il faut garder à l’esprit, pas des règles rigides. Par exemple, je ne vous recommande pas d’enlever de votre texte tous les adverbes, simplement d’éviter de vous en servir à l’excès. Si vous vous appuyez sur les adverbes, cela suggère que vous avez besoin de renforcer vos verbes, mais les adverbes en tant que tels ne sont pas des éléments du discours à proscrire.

La clarté devrait toujours être votre premier but. Vous souhaitez raconter une histoire et permettre à votre lecteur de la comprendre. En dehors de cela, combinez votre voix et votre écriture personnelles avec le style dans lequel vous avez choisi d’écrire ce texte particulier afin de faire comprendre tout le reste au lecteur – le cadre, le ton, l’ambiance, la culture, etc. Utilisez cette phase éditoriale pour parfaire ces détails dans un objectif de cohérence et de force expressive. C’est votre dernière chance de polir votre prose, d’éliminer l’ordinaire et l’inutile et de faire briller votre texte.

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