Création de mondes imaginaires – 1 – Typologie
Intellos désincarnés, s'abstenir. Nous allons parler ici d'un sujet salissant, périlleux pour le dos et très éloigné des hautes sphères littéraires : la création de mondes imaginaires (tous corps de métiers). J'entends venir d'ici les auteurs de littérature générale, de polars, romances ou thrillers. « Arrêtons-là cette lecture indigne de nous », dites-vous en chœur, « nos histoires ne se situent pas dans quelque paradis artificiel, mais dans les rues sales et grouillantes du vrai monde ». Je défends quant à moi l'idée que toute histoire se situe dans un monde imaginaire, même si ce monde ressemble parfois au nôtre. Dans la France que je connais, par exemple, les tueurs en série paraissent beaucoup moins fréquents que dans les romans de mes confrères du rayon « Thrillers », alors que certains éléments ordinaires de la vraie vie, comme les journées sans histoire, les soirées cupcakes entre copines ou les embouteillages, en sont totalement gommés....
Ventes d’ebooks aux USA : fin ou début ?
« La nouvelle de ma mort était une exagération », écrivait Mark Twain suite à l'annonce précoce de son décès. Dans son cas, au moins, l'erreur des journalistes ne pouvait être attribuée à leur désir secret de voir l'auteur disparaître. Depuis cette célèbre mise au point, la presse n'a pas appris la prudence ; elle persiste au contraire à nous annoncer toutes sortes de morts et d'événements fâcheux, sans se soucier du fait qu'ils ne se réalisent pas....
Le refus, ou l’édition considérée comme un tri
De toutes les expériences que peut vivre un auteur, celle du refus est probablement la plus douloureuse. Elle est vécue comme une condamnation personnelle et n'est accompagnée d'aucune justification permettant au refusé un moyen de comprendre et de s'améliorer. Le milieu de l'édition nourrit la croyance commune qu'un manuscrit refusé par quelques dizaines d'éditeurs ne peut pas être bon. La somme de cinquante décisions individuelles, prises en fonctions de critères obscurs par des étudiants en lettres sous-payés, est considérée comme une indication fiable de la valeur d'un livre. Peu importe que l'histoire de la littérature regorge de cas de manuscrits refusés qui se sont transformés plus tard en succès planétaires ; l'idéologie de l'infaillibilité du refus tient bon. Dans cet article, je propose modestement une alternative, afin de montrer que le système actuel n'est pas une fatalité....
Wayward Pines, une histoire sans prémisse
Dans un article consacré à la réécriture que j'ai publié il y a deux semaines, je parlais de « suivre le fil de la prémisse ». Comme certains commentaires m'ont suggéré que le concept de prémisse demeurait nébuleux dans l'esprit de la plupart des auteurs, j'ai choisi de l'illustrer aujourd'hui à l'aide d'un exemple emprunté à la télévision. Par un heureux hasard, Blake Crouch, qui a écrit la trilogie Waywar Pines dont s'est inspiré M. Night Shyamalan, est un auteur hybride, qui a collaboré avec l'auteur auto-édité J.A. Konrath. Je précise cependant que je n'ai pas lu ces livres originaux, et que ce billet mentionnera seulement les dix épisodes de la série....
Les débuts de romans des auteurs indés
Dans le monde du zapping et de l'immédiateté, tout auteur est conscient de l'importance des premières phrases de romans. Qui ne se rappelle pas le « Longtemps je me suis couché de bonne heure. » de Proust, le « Vous avez mis votre pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. » de Butor, le « Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace. » de Gabriel Garcia Marquez ? Même si un bon début ne suffit pas à assurer le succès d'un roman, il fait partie des éléments qui attirent l'attention des lecteurs et qui leur donnent envie de poursuivre leur découverte. (Note : si vous voulez lire un bon article sur les incipits célèbres, celui d'Aloysius Chabossot vous comblera)...
Cinq conseils pour faciliter la réécriture
Dans les représentations populaires, le romancier écrit son opus de le première page à la dernière, puis envoie aux éditeurs le tapuscrit dont l'encre achève à peine de sécher. Accessoirement, il utilise une vieille Underwood, qui rend toute correction difficile. L'imaginaire ne s'encombre pas de nuances ni de corrections ; à ma connaissance, aucun film n'a jamais mis en scène un écrivain en prise avec l'étape la plus difficile de la gestation littéraire : la réécriture....
Kindle Spy, un outil d’analyse des données d’Amazon
Voici quelque temps déjà que les auteurs auto-édités qui lisent l'anglais ont entendu parler de Kindle Spy. L'auteur britannique Nick Stephenson, l'un des meilleurs spécialistes du marketing littéraire, cite souvent l'extension de Navigateur (payante) Kindle Spy comme un excellent outil pour extraire d'Amazon des données utiles. Hélas, les premières versions se limitaient au site Amazon.com, ce qui excluait toute utilisation par les auteurs francophones. Si j'écris ce billet, c'est parce que cette situation a changé récemment, avec la parution de la dernière version (V. 4.23, 10 juin 2015), capable d'exploiter des données provenant des sites étasunien, britannique, canadien, germanique, italien, espagnol et français d'Amazon. À vous de juger si les services offerts justifient l'achat de cette application dans sa version actuelle (47 $)....
Écriture : description statique ou dynamique ?
La littérature possède bien des avantages dont le cinéma est privé : le monologue intérieur et l'intimité avec les personnages, les images et métaphores, les réflexions philosophiques, la prise en compte des sens autres que la vision… Hélas, puisqu'on parle de vision, il est un point au moins sur lequel le septième art fait preuve d'une indéniable supériorité : la figuration des choses vues, qui en littérature exige toujours une description....
Le mythe du « vrai auteur »
Les auto-édités sont-ils de vrais auteurs ? Le billet récent de Thibault Delavaud, Pourquoi les livres autoédités sont-ils mauvais ?, est littéralement hanté par cette question, qui traverse également les blogs de beaucoup d'auteurs indépendants. Charlie Bregman, par exemple, y répond à sa façon. Il estime que la présence, parmi les indépendants, d'une forte minorité d'auteurs hybrides (publiés également par des éditeurs) montre qu'il est au moins possible d'être un vrai auteur tout en s'adonnant aux délices de l'auto-publication.
Si je m'attaque à mon tour à cette épineuse question, c'est pour dénoncer l'idéologie qui la sous-tend, afin de contribuer à balayer certains préjugés qui excluent les auto-édités du monde littéraire. À une époque où les « vrais auteurs » s'appellent Guillaume Musso, Marc Lévy ou Bernard Werber, le système culturel peut difficilement se draper dans sa dignité littéraire pour refuser le nom d'auteurs à ceux que les éditeurs n'ont pas choisis. Je défends donc une idée toute simple : que toute personne qui a écrit un livre est un auteur, sans que personne ne puisse la traiter de contrefaçon. On peut être un mauvais auteur, un auteur indigne, une auteur sans succès, un auteur sans orthographe, mais le faux auteur me parait relever d'un essentialisme fondé sur aucune réalité concrète....
Comment je crée mes personnages
J'ai commencé à écrire sans avoir conscience de la nécessité de créer des personnages. Je pensais qu'il suffisait de griffonner sur une fiche cartonnées quelques caractéristiques physiques, psychologiques et sociales pour que mon protagoniste, telle une créature de roman fantastique, accède à l'existence.
Il en est résulté une galerie d'ectoplasmes et de copies déguisées de moi-même, qui finissaient toujours par ennuyer, agacer ou mettre en colère les amis à qui je confiais la douloureuse corvée de me lire. Antipathique, ma Sarah ? Inexistant, mon François ? Je devais me rendre à l'évidence : les mésaventures que j'infligeais à ces êtres imaginaires ne suscitaient jamais la compassion, parce qu'elles n'arrivaient, pour ainsi dire, à personne....