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Babelio et Livraddict pour les auto-édités

Un auteur auto-édité, par définition, n’a pas accès aux médias. Quand il envoie des communiqués de presse, les journalistes les lisent (au mieux) en bâillant. Le Monde des livres ne lui consacre aucun dithyrambe. Même s’il vend 10 000 exemplaires, les télévisions ne l’invitent pas (mais mon petit doigt me dit qu’ils finiront par s’intéresser à des réussites exemplaires, comme celle de Jacques (et Jacques-Line) Vandroux). S’il veut que les lecteurs soient guidés vers ses livres autrement que par les mots-clés et les catégories d’Amazon, il ne lui reste guère que les blogs littéraires et les sites de critique collaboratifs, comme Babelio et Livraddict.

Goodreads, modèle universel

30 millions de membres, 900 millions de livres, 34 millions de critiques : Goodreads, filiale d’Amazon depuis 2013, constitue le plus grand réseau social fondé sur le livre. Aux États-Unis, de nombreux auto-édités l’utilisent pour lancer leur ouvrages, notamment par le biais des « giveaways » : un livre est offert à sa sortie ou juste avant, en échange d’une critique. Plusieurs livres existent sur l’usage de Goodreads en marketing (un exemple : Goodreads for Authors, de Michelle Campbell-Scott).

Hélas pour nous, Goodreads ne s’est pas encore implanté en France. S’il est possible d’utiliser ses fonctions avec des livres en français, l’interface demeure désespérément anglophone. Impossible de bâtir une communauté de lecteurs français à partir de cette plateforme aux nombreuses qualités.

Babelio : auto-édités, passez votre chemin

Inspiré par les auteurs auto-édités étasuniens, j’ai cherché dès la publication de mes livres un site français correspondant au géant Goodreads. Babelio présentait apparemment toutes les caractéristiques requises : réseaux social dédié aux livres créé en 2007, avant l’essor du livre numérique, il pouvait aligner des chiffres, certes modestes par rapport au géant Goodreads, mais considérables pour la France :

En août 2013, Babelio comptait 100 000 membres, 5 000 000 de livres, 350 000 critiques, 55 000 vidéos et 310 000 citations1. Le site est visité mensuellement par environ 1,3 million internautes. (Wikipédia, d’après la présentation de la société sur Slideshare)

En outre, le programme Masse Critique paraissait correspondre exactement aux Giveaways de Goodread :

Comment ça marche?

Recevez chez vous gracieusement des livres et faites en votre critique publique, bonne ou mauvaise, comme bon vous semblera. Il n’y a rien d’autre à comprendre : un livre en l’échange d’une critique, c’est aussi simple que ça.

J’ai donc contacté la responsable de ce programme :

Bonjour,

Je suis un auteur de jeunesse auto-édité. Je souhaite connaître les tarifs de vos prestations publicitaires, dont j’ai pu découvrir l’étendue et les détails sur votre site.
Merci.

Bien cordialement.

La réponse est arrivée trois jours plus tard :

Bonjour,

Malheureusement, nous ne proposons pas de service publicitaire pour auteurs auto-édités, car en dessous d’un certain volume, une campagne publicitaire n’a pas d’impact.

Nous sommes régulièrement sollicités par des auteurs auto-édités, et notre politique est de refuser ce qui s’apparenterait à de la « publicité à compte d’auteur » comme certains font de « l’édition à compte d’auteur ».

J’espère que vous comprenez notre position, qui vise à protéger le portefeuille des « petits » auteurs !

Cordialement,

Non seulement les auto-édités n’étaient pas les bienvenus, mais ils étaient rejetés pour leur bien, à la fois dans le but de protéger leur portefeuille et pour leur éviter des efforts inutiles ! Je me suis donc fendu d’un deuxième courriel :

Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Je déplore votre politique maison, qui traite les auteurs auto-édités comme des auteurs seulement, alors qu’ils sont aussi, par la force des chose, des éditeurs. Les petits auteurs dont vous parlez vous ont-ils réellement demandé de « protéger leur portefeuille » ? N’aimeraient-il pas de temps à autre investir dans leur propre réussite ?

Une dernière question : je n’ai pas bien compris comment les éditeurs peuvent accéder à votre programme « Masse critique ». Est-ce un service payant (en plus de l’offre de livre gratuits aux lecteurs) ? Le refusez-vous également aux auteurs auto-édités ?

Cordialement,

Je ne m’attendais pas à une réponse positive. Je voulais seulement savoir quels arguments Babelio utiliserait pour rejeter ma nouvelle demande. Je n’ai pas été déçu :

Je comprends votre position.

Cependant à ce jour, en raison du nombre important de demandes, Babelio n’est pas ouvert à la promotion des auteurs auto-édités que ce soit pour les services de mise en avant payants ou pour les opérations gratuites telles que Masse Critique.

Merci pour votre compréhension.

Bonne continuation,

Ce qui signifie qu’une entreprise commerciale, dirigée par un diplômé d’HEC, exclut les clients auto-édités au prétexte qu’ils sont trop nombreux !

Conclusion : Je suggère à tous les auto-édités d’éviter Babelio, réseau social issu du web 2.0, mais qui refuse la participation d’auteurs dont la recherche de liberté et d’autonomie s’apparente précisément à ce mouvement d’émancipation électronique. Babelio a fait le choix, déplorable à mon sens, de ne présenter aux lecteurs que les ouvrages qui occupent déjà toute la place dans les librairies et les médias.

Livraddict

Heureusement, j’ai fini par découvrir Livraddict, « communauté de catalogage culturel » créée en 2009 par un groupe de bénévoles. Livraddict compte « seulement » 22 000 membres (5 500 de plus qu’il y a six mois) et revendique 1,5 millions de pages vues et 40 000 visiteurs individuels par mois. Outre les fonctions d’une bibliothèque virtuelle et les critiques, le site présente une originalité qui le rend intéressant pour les auteurs : ses partenariats, version particulière des giveaways. Pour y participer, il faut satisfaire un nombre important de conditions :

  • Il faut avoir fait valider son blog par la Team Livraddict ou demander à publier sur le blog Livraddict en proposant une chronique test répondant aux exigences.
  • Il faut avoir donné ses coordonnées complètes à la Team par mp.
  • Il faut avoir publié 20 messages sur le forum dans les 30 derniers jours (hormis les sections jeux).
    Actuellement : 0 message(s)
  • Il faut s’être présenté sur le forum dans la section « Présentation des membres »
  • Il faut avoir rempli sa date de naissance et avoir 18 ans ou plus (16 ans accepté pour les livres jeunesse)

Les partenaires disposent chaque vendredi d’une liste d’ouvrages imprimés et numériques qu’ils peuvent demander. L’équipe de Livraddict effectue un choix parmi les candidats, puis communique les adresse à l’éditeur (ou à l’auteur auto-édité). Une fois le livre envoyé et reçu, les partenaires disposent d’un mois pour le commenter sur leur blog. Cette diffusion des commentaires à la fois sur les blogs et sur le site de Livraddict présente l’avantage supplémentaire d’en accroître la visibilité. Les blogueurs possèdent une audience correspondant à leur choix de livres ; leur lectorat sera favorablement disposé à l’égard des ouvrages commentés dans le cadre des partenariats.

C’est grâce à Patrick Ferrer que j’ai pu entrer en contact avec Nathalie, l’une des administratrices du site. La réponse a été très différente de celle de Babelio :

Bonjour Guy (j’espère que je peux vous appeler par votre prénom ?),

Merci pour votre message et votre proposition. J’ai partagé les liens vers les présentations de vos livres pour en discuter avec le reste de l’équipe, histoire de décider ensemble si vos livres peuvent intéresser nos membres. Je vous recontacterai dès que j’aurai une réponse de leur part (ça peut prendre quelques jours).

Démocratie, partage, bénévolat, les valeurs de Livraddict apparaissaient à chaque ligne. Le reste du courriel expliquait dans les détails toute la procédure des partenariats, ainsi que les précautions prises pour que le résultat corresponde aux attentes des éditeurs et des auteurs.

Au bout de quelques jours, Nathalie m’a fait savoir que l’équipe acceptait de proposer mes livres dans le cadre du partenariat hebdomadaire. Le vendredi suivant, j’ai donc eu la satisfaction de voir apparaître les exemplaires imprimés et numériques sur la page dédiée.

Le sachet de bonbons sur Livraddict

Le sachet de bonbons sur Livraddict

Nathalie m’a transmis la liste des blogueurs élus la semaine suivante. Je leur ai envoyé les exemplaires, et la première critique, chaleureuse et gourmande, est parue à peine une semaine plus tard :

Critique du Sachet de bonbons sur le blog de fille-de-lecture

Conclusion : Je recommande aux auteurs auto-édités qui souhaitent offrir des livres en échange de critiques de s’adresser en priorité à Livraddict. L’ensemble du processus s’est déroulé de façon remarquable, tant sur le plan de la communication que sur celui des résultats concrets. Je souhaite à Livraddict de s’imposer en France et et de continuer à se développer et à engranger des inscriptions.

13 Comments

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    Chris Simon 5 avril 2015 (16 h 27 min)

    Ceux qui nous refusent aujourd’hui, nous accepteront demain, car l’autoédition est une composante de la révolution qu’est le livre numérique. 😉

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    J et J 5 avril 2015 (20 h 04 min)

    Bonjour Guy,
    Nous les avons également contactés récemment, et le dialogue a été des plus courtois. Une affaire à suivre…

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      admin 6 avril 2015 (19 h 00 min)

      Bonjour j & J,
      je suis sûr que vous proposerez bientôt des livres sur Livraddict, et que ces livres s’arracheront. Je m’inscrirais bien, mais je ne satisfais pas les conditions.
      au fait, est-ce que la prévision que je fais dans l’article à votre sujet s’est déjà réalisée ?

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    Bregman 5 avril 2015 (23 h 35 min)

    Merci pour ce excellent article, que je partage de suite sur les réseaux.

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      admin 6 avril 2015 (18 h 57 min)

      Merci Charlie. De la part d’un expert tel que toi, le compliment vaut son pesant d’or.

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        Bregman 6 avril 2015 (19 h 40 min)

        Pas plus expert qu’un autre, mais je prends le compliment. Merci 😉

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    pascalbleval 6 avril 2015 (9 h 26 min)

    Bonjour Guy, merci pour cet article intéressant. J’avais déjà entendu parler de ces partenariats livreaddict, mais c’est toujours bien d’avoir accès à ce genre de retour d’expérience.
    Je serais curieux de savoir s’il est possible d’envoyer des ebooks également dans le cadre des partenariats, cela dit. L’envoi de livres papier a un coût réel et non négligeable.

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      admin 6 avril 2015 (18 h 50 min)

      Bonjour Pascal,
      J’ai offert des livres papier et des ebooks. Tous les livres papier ont trouvé preneurs (plus de candidats que d’offres). En revanche, je n’ai écoulé que la moitié de mes livres numériques.

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        pascalbleval 6 avril 2015 (19 h 05 min)

        C’est plutôt symptomatique du poids du livre papier vs ebook en France…

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    Nathalie 6 avril 2015 (10 h 18 min)

    Merci pour cet article très positif, nous sommes toujours heureux d’aider un auteur à faire connaître ses écrits 🙂 Bonne continuation à vous et à vos livres !

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      admin 6 avril 2015 (18 h 56 min)

      ce fut un plaisir. Nathalie. tant que votre boîte mail ne sera pas saturée, je continuerai à dire du bien de vous. Et puis, j’entends bien vous présenter mes futurs bébés 😉

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    Chris Red 1 octobre 2015 (14 h 05 min)

    Bonjour, Livraddict a refusé un partenariat avec moi car je propose mes e-books gratuitement et qu’ils ne veulent pas exiger aux lecteurs une chronique de livres qu’ils peuvent se procurer gratuitement et légalement, alors que pour moi, je ne veux pas vendre, simplement offrir de la visibilité à mes écrits. Ils marchent moins sur la tête que chez Babelio, dont j’ai eu le même retour, mais ils y marchent un peu quand même aussi, je te rassure xD

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      admin 1 octobre 2015 (19 h 43 min)

      Livraddict fonctionne selon la logique de l’édition traditionnelle, centrée sur le papier. Les livres offerts sont majoritairement des ouvrages matériels, même si le site accepte d’inclure dans ces offres quelques ebooks payants. On na parle pas ici de littérature, mais de commerce des livres. Par définition, le gratuit s’exclut de cet espace de la valeur économique, même si sa valeur littéraire est élevée.

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