• Photo - Festival de Cornouaille 2012 - Loreena McKennitt en concert le 26 juillet - 015 » par Thesupermat — Travail personnel. Sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 via Wikimedia Commons

Loreena McKennitt, pionnière de l’auto-édition musicale

Sans exagérer, je peux affirmer que Loreena McKennitt m’a donné le courage de m’engager dans l’auto-édition. Car cette artiste aujourd’hui adulée par un public international a commencé sa carrière en vendant elle-même des cassettes enregistrées par ses soins !

Après une adolescence vouée à la musique, Loreena McKennitt s’orienta vers la musique celtique. Elle tomba amoureuse de l’Irlande et acheta une harpe d’occasion, dont elle apprit à jouer toute seule. Indépendante, elle créa elle-même son propre label – Quinlan Road, qui existe encore aujourd’hui – en empruntant 10 000 dollars à sa famille. Elle enregistra Elemental, son premier album, mais elle ne parvint pas à le vendre. Découragée, elle se mit à jouer sa musique dans la rue.

Un événement donna une impulsion décisive à sa carrière : la lecture du livre de Diane Sward How to Make and Sell Your Own Recording. Il s’agissait d’un de ces livres américains, vous savez, un de ces livres qui vous expliquent comment vous débrouiller tout seul, un de ces livres dont les Français se moquent si facilement. Pensez : si c’était si facile d’enregistrer et de vendre ses propres albums, ça se saurait. Et puis, sans l’intervention d’un producteur, les enregistrements sont forcément médiocres, mal ficelés, peu professionnels. En un mot, un artiste a besoin d’un chef, d’un directeur, d’un papa.

Comme Loreena n’avait pas appris à penser de la sorte, elle se produisit toute seule, et se constitua une liste d’adresses de fans partout où elle jouait. Quand sa liste fut bien remplie, elle la présenta à des marchands de disques, des drugstores et même des épiciers de ses lieux de concert. Elle les convainquit aisément de vendre ses cassettes. Elle parvenait ainsi à indiquer aux amateurs où ils pouvaient trouver ses enregistrements, tout en assurant à ses détaillants des ventes sans effort. Sur chaque dollar de chiffre d’affaires, 70 cents lui revenaient.

Le succès appelant le succès, les compagnies de disques s’intéressèrent bientôt au phénomène et contactèrent la musicienne pour lui proposer un contrat. Il aurait suffi qu’elle accepte de changer ceci ou cela à sa musique, pour l’améliorer bien sûr. Impassible, Loreena rejeta leurs offres. Elle finit par signer un contrat de distribution avec Warner Bros, qui lui permettait de conserver sa maison de disque et son indépendance, tout en lui assurant une distribution internationale.

Ce parcours exemplaire nous enseigne qu’on peut être indépendant et professionnel, artiste et entrepreneur, libre et exigeant avec soi-même. Loreena dit consacrer 80 % de son temps à gérer son entreprise, le reste à créer sa musique. Sa réussite est à ce prix, mais elle ne troquerait pas cette vie de labeur contre le confort ambigu d’un contrat ordinaire.

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