Interview d’Alan Spade, auteur indépendant
- il représente une voix originale dans le petit monde de l’auto-édition, avec des prises de positions très personnelles sur bien des sujets (voir son blog) ;
- il vit de sa plume ;
- il vend d’abord des livres imprimés, principalement lors de séances de signatures ;
- au fils des romans et des nouvelles, il construit une œuvre (mot pompeux d’ordinaire réservé aux auteurs des maisons d’édition) à la fois exigeante et accessible ;
- Il écrit de la science-fiction, mon genre de prédilection, tout en conservant une grande ouverture d’esprit à l’égard de la littérature « mainstream ».
Auto-édition : les catégories Amazon
Vous venez de recevoir les courriels de confirmation KDP et de CreateSpace. Ça y est, votre livre est publié, et disponible sur Amazon. Il s'agit d'un petit roman pour enfants évoquant la tendre relation d'un garçon solitaire avec un suricate. Vous tapez son titre dans la fenêtre de recherche, et il apparaît enfin, tout frais, tout neuf, totalement dépourvu de commentaires, mais il est là. Il faut ensuite quelques jours pour que les versions papier et numérique fusionnent en une seule page produit. Enfin, vous en vendez deux (à la tante qui vous a élevé et à votre meilleur ami) et vos catégories apparaissent (uniquement sur le versant Kindle de votre page produit).
Et là, c'est la déception....
Comment améliorer son manuscrit, par Thibault Delavaud
Thibault Delavaud est un auteur de science-fiction qui s'auto-édite depuis 2012. Il fait partie de cette nouvelle génération d'écrivains l'auto-édition et le numérique ne sont pas des solutions de rattrapage, mais ...
Relecture de manuscrit – conseils d’un agent
Pour tout auteur auto-édité, la relecture et la réécriture du manuscrit font partie des moments les plus importants du processus éditorial. J’ai choisi aujourd’hui de traduire un texte écrit par un agent littéraire américain, qui offre aux auteurs une série de conseils pour améliorer leurs manuscrits. Tous ne sont pas applicables à la langue française, mais j’ai trouvé dans la liste suffisamment de bonnes idées pour avoir envie de traduire ce billet et de l’offrir au public français....
Le salon des refusés littéraires
Ils ne pouvaient accepter ça. Trois mille refusés sur cinq mille postulants, trois mille artistes qui perdaient ainsi toute chance de se faire connaître. « Le salon ou la mort », telle était la loi. Quand le nombre des condamnés dépasse à ce point celui des heureux élus, une réaction s'impose. Cette réaction, ce fut le salon des refusés....
Pour une littérature de jeunesse artisanale
À l'inverse de l'auteur « pour l'âge adulte », l'auteur de jeunesse ne peut se permettre d'écrire sans penser à ses lecteurs. Le monologue lui est interdit, comme la confession brute, le récit de sa vie ou l'auto-fiction à peine maquillée. L'adulte doit s'adapter à l'enfant, jamais l'inverse. La langue doit être simple, l'implicite doit se limiter à ce qu'un enfant peut comprendre, les récits doivent mettre en scène des personnages et des situations auxquels un enfant peut s'identifier....
L’auto-édition, nouveau métier d’art
Peut-on lire un roman comme on écoute un ami ? Ou bien comme un enfant écoute, les yeux brillants, le conteur du village ? S’il fallait tout recommencer, il suffirait d’un auteur et de son public pour que renaisse l’art de la narration. Aujourd’hui, tant de personnes s’interposent entre le rêve et les rêveurs, la bouche et l’oreille, le texte et ses lecteurs, que le lien d’une âme aux autres disparaît parfois complètement, au profit de la morne consommation de produits culturels. Ils savent mieux que vous ce que vous devez écrire ou ce que vous devez lire. Ils promettent à l’auteur le succès, aux lecteurs un objet bien manufacturé. Découpé, calibré, toiletté par les spécialistes de l’emballage, le rêve perd ses plumes et ses griffes pour devenir un numéro dans une collection standardisée....
Qu’est-ce qu’un bon livre ?
La littérature échappe à la quantification scientifique. Vous avez beau aligner les chiffres – un kilo de papier, 500 pages, 100 000 mots, 8 675 connecteurs logiques, phrases de 6,81 mots en moyenne – vous n'arriverez pas à distinguer Voyage au bout de la nuit d'un roman à quatre sous. En l'absence d'une valeur absolue dont la science permettrait d'établir incontestablement l'existence, vous pourriez être tenté par le relativisme culturel, toujours très à la mode. Affirmant que la célébration d'une œuvre résulte d'un engouement culturel plus que du génie du créateur, vous en viendrez alors à nier la notion même de qualité littéraire....
Quatre jeunes filles remarquables
Le mois de septembre est celui du renouvellement. Après deux mois sans classe, je retrouve les quatre murs et les vingt tables, scène permanente d'un spectacle dont le programme ne change pas. Dans ce décor industriel où l'obligation scolaire confine trente enfants et un adulte, on pourrait se croire condamné à répéter sans cesse les mêmes leçons à des petits sujets qui se ressemblent, produits standardisés d'une éducation d'État. Heureusement, il y a les filles…...
Écriture : la tentation du cliché
Un bouleversement
Un livre a changé mon écriture. Il ne s’agit d’un roman ni d’une œuvre littéraire, mais du Dictionnaire des clichés littéraires d’Hervé Laroche. Avant, je n’aurais pas renié ce genre de phrases :
« Perdu dans l’abîme insondable de ses pensées, il s’abandonnait à des rêveries qui alimentaient ses fantasmes mélancoliques. »Je me relisais plusieurs fois, satisfait de moi-même, et je continuais tranquillement à enfiler d’autres clichés que je prenais pour du beau style littéraire. Le dictionnaire de Laroche a eu sur moi un effet foudroyant. Dès les premières phrases de la « mise en bouche » servant de préambule, j’ai compris que je me trompais :
« Alice s’éveilla en sursaut, la gorge nouée d’un cri qui ne parvenait pas à franchir le seuil de ses lèvres. Dressée dans son lit, elle demeura un instant sur le qui-vive, épiant les bruits de la nuit. »...