Thibault Delavaud est un auteur de science-fiction qui s’auto-édite depuis 2012. Il fait partie de cette nouvelle génération d’écrivains l’auto-édition et le numérique ne sont pas des solutions de rattrapage, mais de véritables choix. Il a commencé par publier Rêves Célestes, un recueil de nouvelles. Parmi celles-ci, Eden et Dévotion Électrique ont rencontré un succès qui l’a encouragé à poursuivre l’expérience. Son blog fait partie des sites francophones de référence en matière d’auto-édition.

Thibault a publié la semaine dernière mon billet dans son blog Kindle Unlimited : revue des blogs anglo-saxons. Cette semaine, il m’a fait l’amitié de m’offrir son dernier article, dans lequel il dévoile ses conseils et astuces pour améliorer un manuscrit.

Comment améliorer son manuscrit, par Thibault Delavaud

Ça y est. Vous avez enfin mis le point final à votre livre. C’est évidemment une bonne nouvelle. Mais avant de déboucher le champagne, sachez que le plus dur est à venir. Votre manuscrit, en l’état actuel, est tout simplement impubliable. Il est truffé de fautes d’orthographe, de lourdeurs, d’incohérences… Ne paniquez pas, c’est tout à fait normal. L’objectif de cet article est de vous donner quelques (modestes) conseils pour améliorer votre manuscrit afin de le transformer en véritable livre, prêt à être publié sur Amazon ou envoyé à une maison d’édition.

La relecture

Ceux qui ont déjà lu des articles sur mon blog savent combien l’étape de relecture est importante (voir l’article Auto-édition et écriture : de la mise en forme). La première des choses à faire est de prendre du recul. Détachez-vous de votre manuscrit : vous le relirez avec un œil neuf et objectif. Il s’agit dans un premier temps de traquer tout ce qui choque l’œil : les fautes, les lourdeurs, les répétitions… Il est primordial de relire lentement car, avec la vitesse, le cerveau se concentre davantage sur le sens que sur la forme.

Si vous avez des doutes sur la grammaire et l’orthographe, je vous recommande le site suivant : BonPatron.com

Vous pouvez également utiliser des logiciels spécifiques :

  1. Repetition Detector, (pour détecter les répétitions),
  2. Focus Writer (pour se concentrer sur le texte),
  3. yWriter pour gérer la structure de votre texte,

Les deux derniers outils peuvent évidemment être utilisés pendant l’écriture mais n’hésitez pas à les utiliser pendant la relecture, il n’est jamais trop tard.

Travailler l’écriture et enjoliver le texte

Lorsque l’écriture du livre est terminée, c’est le moment de travailler le style. Évidemment, dès la phase d’écriture on essaye de construire les meilleures phrases, les plus jolies, percutantes mais le meilleur moment pour le faire est après l’écriture. Vous êtes satisfait d’un paragraphe ? Certes mais ne serait-il pas meilleur en travaillant sur l’enchaînement des phrases, leur musicalité ? La description de ce personnage ne serait-elle pas meilleure en ajoutant quelques détails supplémentaires ? Tel un peintre qui ajoute quelques nuances de couleur à son tableau, vous devez retravailler votre texte en cherchant à l’enjoliver. C’est aux détails et à la beauté du style qu’on apprécie les écrivains.

N’hésitez pas à employer un dictionnaire de synonymes par exemple, à vous interroger sur le sens véritable des mots, à relire votre texte à haute voix…

Approfondir la qualité de l’histoire et la psychologie des personnages

Lorsqu’on écrit, on a souvent la « tête dans le guidon ». L’histoire, c’est-à-dire le déroulement de l’action, et le traitement des personnages peuvent parfois en pâtir. À la relecture, on s’aperçoit que certains passages ne sont pas assez détaillés, que des dialogues sonnent faux, que la personnalité d’un personnage qu’on imaginait complexe, n’est pas suffisamment bien rendue… Il faut alors ne pas hésiter à réécrire certains passages, en développer certains et en supprimer d’autres. La lecture doit être fluide et le lecteur doit suivre l’action avec facilité. Je vous recommande de particulièrement soigner le début de votre livre, ses premières pages. Elles donnent le ton de votre récit et c’est à partir d’elles que le lecteur décidera ou non de poursuivre la lecture.

Je vous recommande aussi d’utiliser des fiches de description des principales caractéristiques physiques et psychologiques des personnages : cela évitera les incohérences (tel personnage est décrit comme quelqu’un de calme ayant les yeux bleus et vingt pages plus tard, ses yeux sont devenus marrons et il est maintenant d’un tempérament colérique…).

Faire relire par des tiers

Il est indispensable de faire relire son manuscrit par des tiers. Cela peut sembler évident mais beaucoup de jeunes auteurs commettent l’erreur de ne pas le faire (j’avais moi-même commis cette erreur avant de difficilement rétropédaler…). Il s’agit de le faire relire par un nombre conséquent de personnes pour que cette étape soit la plus enrichissante possible sans que cela engendre trop de confusion et de complications. À ce titre je pense que le nombre satisfaisant de relecteurs se situe entre cinq et dix. Il faut que ces relecteurs soient de de confiance, qu’ils puissent dialoguer avec vous en toute franchise et que leur maîtrise de la langue française ne soit plus à démontrer.

Cela étant, on n’attend pas forcément la même chose d’un relecteur : certains vont seulement détecter les fautes et les maladresses, d’autres vont davantage se concentrer sur la qualité de l’histoire, d’autres sur la qualité du style… L’idéal est que le relecteur puisse juger un texte selon tous ses aspects : forme, style, histoire… Trouver des bons relecteurs n’est pas si facile que cela. Vous pouvez demander à des personnes de votre entourage ou en navigant sur certains sites et forums, vous pouvez trouver des volontaires qui reliront votre texte gratuitement. Attention toutefois à ces relecteurs « gratuits » : seront-ils impliqués et tiendront-ils les délais demandés ? Vous pouvez sinon faire appel aux services de correcteurs et relecteurs professionnels mais les tarifs sont exorbitants pour un auteur indépendant.

Quand publier ?

À force de faire des corrections, des relectures, de questionnements du type « écrire de cette manière est peut-être mieux… », on peut se « perdre » et au final, on pourrait corriger son texte indéfiniment. Il faut donc se fixer une limite : par exemple, une fois que toutes les relectures par des tiers ont été effectuées, vous pouvez décider que vous relirez votre texte deux fois seulement et après vous le publierez quoi qu’il arrive. Vous devez ensuite vous poser les questions suivantes :

Si la réponse à toutes ces questions est oui, vous pouvez publier votre manuscrit avec confiance et sérénité. Les lecteurs aimeront ou pas votre livre, mais au moins, vous n’aurez aucun regret à avoir quant au travail sur votre manuscrit.

8 réponses

  1. Perso, j’utilise Scrivener qui regroupe toutes ces fonctionalités en un programme et ne coûte pas plus de 50 dollars. Très pratique pour les séries et pour rassembler dès le départ au même endroit les premières idées, résultats de recherches, etc.

    1. Totalement d’accord avec vous. J’utilise Scrivener depuis quelques mois, et ce logiciel a totalement changé ma façon de travailler. Mais ses fonctions d’édition et de correction restent limitées. Pas moyen, par exemple, d’intégrer un logiciel de correction comme Cordial. L’apport principal de Scrivener concerne principalement l’organisation et le traitement de l’information.

      1. Oui. Scrivener aussi permet d’importer dans divers formats ( dont les formats numériques). ce qui permet de faire les corrections sous word par exemple. Vous, vous procédez comment ?

        1. J’importe en général depuis OpenOffice les fragments dont j’ai besoin. Je n’ai pas encore exporté pour réaliser les corrections. Je préfère créer un document dans Antidote et copier coller chaque chapitre ou scène. Tant pis pour les styles, j’ai une version corrigée, que je recolle dans Scrivener.

  2. Bravo à Thibault pour cet article encore très clair. 🙂
    Pour ma part, une nuance : je donne désormais mon texte à lire à des lecteurs qui ne sont pas eux-mêmes auteurs. Je me suis aperçue que les lecteurs-auteurs ne regardaient pas les mêmes choses et pouvaient suggérer des changements de texte afin de correspondre à la façon dont eux auraient raconté l’histoire, alors qu’un lecteur lambda va plus s’attacher à l’histoire elle-même et proposer son ressenti émotionnel. Mais ce n’est que ma façon de faire…
    En ce qui concerne mes outils : Scrivener et Antidote aussi, je ne pourrais plus m’en passer.
    Bonne continuation à tous ! 🙂

    1. Merci pour ce commentaire, citarienne.
      J’ai plusieurs fois soumis des textes à des non auteurs, qui effectivement réagissent en lecteurs. Le seul bémol que je mettrais est que leurs opinions sont souvent très personnelles et peu argumentées (du moins, pour ceux à qui j’ai eu à faire).

  3. Bonjour,
    J’ai fait l’expérience de passer par un relecteur professionnel sur internet. Evidemment il y a des prix exorbitants. Pour mon livre de 300 pages, certains sites facturent 1 000 euros. Mais d’autres que j’ai trouvés un peu par hasard étaient moins chers. J’ai payé 350 euros pour faire corriger mon manuscrit et si le filon peut servir à d’autres, je suis passé par SusAuxFautes.fr
    Les logiciels, c’est bien, mais un vrai correcteur fait la même chose en mieux et surtout ne passe pas à côté de la moitié des fautes.

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